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ECO - Conflit au Moyen-Orient: pertes de 12.000 milliards de dollars depuis 1991 (étude)
L’Agefi , January 23, 2009

Les pays du Moyen-Orient ont perdu 12.000 milliards de dollars depuis 1991 à cause des conflits dans la région, selon une étude présentée vendredi à Genève.

Toutes les parties ont essuyé de lourdes pertes en terme de déficit de développement, à la fois pour les Etats et les populations, aussi bien à cause du conflit israélo-palestinien, des combats au Liban ou de l'invasion américaine en Irak, selon l'étude réalisée par le Groupe de prospective stratégique, un groupe de réflexion basé en Inde.

L'étude souligne également le fort potentiel de développement pour la région et ses habitants au cas en cas de paix.

Les revenus des israéliens comme des Palestiniens sont de la moitié de ce qu'ils auraient pu être si la paix avait été conclue lors de la Conférence de Madrid en 1991, a estimé M. Sundeep Waslekar, qui a dirigé le travail des experts qui ont fait l'étude.

En ce qui concerne les Irakiens, leur revenu a été réduit d'un tiers depuis 1991 par rapport à son niveau potentiel, a-t-il ajouté. 

Au cas où s'instaurerait la paix, le revenu moyen d'un ménage israélien augmenterait de 4.429 dollars par an en 2010, y compris dans l'hypothèse où Israël paierait des dédommagements aux réfugiés palestiniens et ferait sortir plus de 150.000 colons de Cisjordanie, selon l'étude.

De même, le produit interieur brut des Territoires palestiniens ferait plus que doubler, même s'ils restaient dans leur configuration actuelle, estiment les experts qui évaluent que les gains seraient à peu près équivalents de part et d'autre de la frontière entre Israël et les Territoires.

Le coût très lourd de l'invasion américaine de l'Irak est également mis en lumière par l'étude, réalisée avec le soutien de la Norvège, du Qatar, de la Suisse et de la Turquie. Sans le conflit et les sanctions qui l'ont précédé, le revenu national de l'Irak aurait en effet été multiplié par 38, à 2.200 milliards de dollars.

L'alternative, c'est la paix ou la poursuite de la "dévastation", notamment pour les Israéliens et les Palestiniens. "Les pertes vont continuer à augmenter si le choix (de la paix) n'est pas fait", a souligné M. Waslekar en présentant l'étude à presse.

Un représentant du ministère suisse des Affaires étrangères, M. Thomas Greminger, a espéré que l'étude poussera la population de la région et les dirigeants à réfléchir sur "combien ils ont perdu" et sur "à quel point ils pourraient perdre encore plus". "Le rapport donne des raisons supplémentaires aux acteurs internationaux pour intensifier les efforts de paix au Moyen-Orient", a-t-il dit.

Les pays en périphérie du conflit tireraient bénéfice de la paix. Le revenu annuel des ménages en Jordanie, où vivent des centaines de milliers de réfugiés palestiniens, augementerait de 1.250 dollars, selon les estimations de l'étude.

Même l'Etat pétrolier d'Arabie Saoudite, l'un des plus riches de la planète, pourrait décupler son économie en la diversifiant. La paix ouvrirait dans toute la région de nouvelles voies de communications ferroviaires et pour les oléoducs et les aqueducs, a fait valoir M. Waslekar.

L'étude a cependant ses limites, a-t-il reconnu: "il y a des coûts qui ne peuvent être quantifiés, notamment en ce qui concerne la dignité humaine", a-t-il remarqué.

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