Water: Cause of Conflict or Instrument of Development
February 22, 2016
By Kabine Komara, High Commissioner of Senegal River Basin Commission and former Prime Minister of Guinea
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THEME : L'EAU: ‘‘CAUSE DE CONFLIT ET VECTEUR DE DEVELOPPEMENT’’
Intervention de M. Kabine KOMARA Haut Commissaire de l’OMVS
BAMAKO INTERNATIONAL FORUM
L’eau, elle meme, source de vie, lieu d’eclosion de civilisations millenaires est avant tout un element indispensable a la vie humaine, a la vie tout court.
Et pourtant cette ressource essentielle, non substituable dans la plupart de ses fonctions, reste mobile et inegalement repartie, dans le temps et dans l’espace
En Afrique comme partout ailleurs, la demande en eau devrait augmenter de maniere significative dans les prochaines decennies avec les besoins lies a la croissance, l'irrigation, l'hydro-electricite et a l'urbanisation.
Cela va creer une rude concurrence et des conflits. En outre, les menaces du changement climatique, les attaques terroristes contre les infrastructures d'eau et la pollution, risquent de susciter davantage de problemes.
Face a cette problematique quasi insoluble, nous tenterons de montrer comment l’Afrique peut indiquer la voie de salut pour tous.
Pour cela nous ferons un developpement en 2 phases :
D’abord nous nous passerons en revue comment l’eau est aujourd’hui un facteur potentiel de conflits et un enjeu de securite. Ensuite nous donnerons des options strategiques pour que ces potentielles sources de conflits soient opportunement tournees en opportunites porteuses de bien-etre et de paix.
I. EAU, PROBLEME DE SECURITE EN AFRIQUE, ENJEU DE SECURITE
Vous me permettrez d’aborder ce sujet en presentant un etat des ressources en eau dans le monde, particulierement en Afrique et en passant en revue 5 exemples qui portent sur les besoins en irrigation, le besoin energetique, l’urbanisation acceleree, les facteurs environnementaux et les menaces securitaires sur l’eau
I.1. Etat des ressources en Eau
Notre planete est une ‘Planete bleue’ : 75 % de sa surface est recouverte d’eau. Cependant, la proportion d’eau douce, s’entendant de l’eau renfermant moins d’un gramme de matieres solides dissoutes par litre, est tres faible, puisque les oceans et mers representent plus de 97,5 % des stocks d’eau.
Pres de 70 % de l’eau douce sont prisonniers des glaces, soit 2 % du stock total d’eau. Les deux enormes glaciers (inlandsis) de l’Antarctique et du Groenland stockent a eux deux 65 % de l’eau douce.
En outre, 30 % des eaux douces sont souterraines, stockees dans les aquiferes, le reste se trouvant dans les lacs, les cours d’eau, l’atmosphere et la biosphere.
La part de l’eau douce effectivement accessible represente nettement moins d’1 % des stocks totaux d’eau, soit une infime quantite.
Selon la FAO, sur les 1,4 milliard de km3 d’eau presents sur la planete, seuls 45 000 kilometres cubes sont de l’eau consommable et 9 000 a 14 000 km3 d’eau sont accessibles. Cette quantite d’eau est stable car renouvelable
I.2. Eau et Irrigation : usage capital
En Afrique environ 86 pour cent de l'eau est utilisee pour l'agriculture, ce qui est plus eleve que la moyenne mondiale qui est de 70 pour cent. D’autre part, le potentiel total d'irrigation de l'Afrique est d'environ 14 millions d'hectares dont environ 5 pour cent seulement sont utilises. Actuellement, les pays ont pris conscience de ce potentiel et la tendance est a sa mise en valeur totale.
Les Etats qui prelevent le plus d’eau sont ceux ou l’agriculture irriguee est tres importante. On compte actuellement 280 millions d’hectares irrigues dans le monde, contre 190 en 1980. L’agriculture irriguee est responsable de 95 % des prelevements d’eau douce dans certains pays en developpement.
Les donnees ci-dessus montrent comment le potentiel d'irrigation de l’Afrique est peu exploite. Cette volonte d’exploiter au maximum ce potentiel d'irrigation avec des ressources en eau de plus en plus rares peut etre source de conflits entre les nations. Les pays dotes de ressources auront besoin de construire des canaux et detourner les cours d'eau ; ce qui pourrait provoquer des tensions entre pays et au meme au sein d’un meme pays.
I.3 . Energie
La propension a produire de l’energie de source hydroelectrique devient de plus en plus forte. L’energie produite par la force de l’eau – l’hydroelectricite –constitue une energie de substitution non polluante plus durable que les combustibles fossiles.
Au plan mondial, l’energie hydraulique represente quelques 19 % de la production energetique mondiale. Pour 66 pays, l’energie hydraulique produit plus de 50 % de leur energie electrique et, pour 24 pays, au moins 90 % (99 % en Norvege).
Certains pays riverains en amont vont ressentir le besoin de promouvoir plus rapidement leur developpement et economique et le bien etre de leurs populations grace a l'hydroelectricite avec la construction de retenue et de barrages hydroelectriques ; ce qui pourrait entrainer des probleme de survie , donc de paix et de securite pour les pays en aval. Les exemples donnes ci-dessous mettent en evidence le risque potentiel de conflit.
• l’Ethiopie developpe ses ressources hydroelectriques, car non seulement elle
est benie avec de nombreuses rivieres appretees pour l'hydroelectricite (y
compris le Nil Bleu, Omo et Wabi Shebelle, et Genale-Dawa, qui sont des fleuves
internationaux) mais dispose egalement de sites naturellement adaptes a un
niveau eleve de production d'hydroelectricite. Par consequent, l'Ethiopie qui
est appelee le "chateau d'eau de
l'Afrique de l'Est" a developpe le
Plan pour la Croissance et la
Transformation (GTP) afin de devenir le ‘hub regional de l'energie renouvelable’.
Cependant, certaines de ses initiatives ont conduit a plusieurs problemes de securite
avec les autres pays riverains. Le barrage de Grand Renaissance que l'Ethiopie
avec une puissance installee de 6 000 MW est en train de construire sur le
Nil et serait le plus grand barrage de l'Afrique. Il a ete objet de protestation de l'Egypte et du Soudan, les
pays riverains en aval. L'Egypte a considere
le detournement du Nil qui constitue sa source de survie, comme un acte
de guerre. Apres des annees de negociations diplomatiques, les trois pays
l'Ethiopie, l'Egypte et le Soudan ont signe en mars 2015 un accord qui concerne
le barrage reduisant ainsi, dans une large mesure, l’un des risques de guerre
le plus serieux et une grave menace a la paix et la securite dans la region.
Toutefois, cet accord devrait faire
l’objet d’un examen attentif dans sa mise en œuvre.
Tout comme l'Ethiopie, la Guinee est aussi bien dotee de ressources en eau .Elle a plus de mille cours d'eau dont 16 internationaux/de nature transfrontaliere. La Guinee ambitionne d’utiliser son potentiel hydroelectrique pour, entre autres raisons, pour produire de l’energie propre et a bas couts.
La Guinee a fait montre de sagesse en concluant des accords de cooperation par le biais de l'OMVS, l'OMVG et l’ABN, donc reduit le risque de conflit. Cependant, il convient de preserver soigneusement ces accords de cooperation.
Des accords similaires ont permis de mettre sur pied d’autres d’organisme de
bassin tels que la Volta, Le Mono, etc.
I.4. Pression demographique et Urbanisation
• Entre 1950 et 2011, la population mondiale a presque triple et vient de depasser en 2011 les sept milliards d’individus. Dans le meme temps, la consommation d’eau a quadruple. La quantite d’eau disponible par personne a donc mathematiquement diminue. En 2030, l’economie mondiale devrait avoir quasiment double et la population mondiale etre passee a plus de 8,2 milliards de personnes.
La population africaine, qui compte actuellement 1,2 milliard d'habitants, doublera d'ici le milieu du siecle et atteindra 4,2 milliards d'ici 2100, selon l'Unicef. Cette croissance demographique entrainera une surpopulation encore plus forte, et d'ici la fin des annees 2030 la plupart des Africains vivront dans des villes.
La rarete relative de l’eau devrait continuer a s’accentuer encore et atteindre un seuil critique a l’horizon 2040, du fait d’une croissance demographique importante, notamment dans les pays en developpement et emergents (l’Inde en premier lieu).
L'Afrique, bien qu’elle figure toujours parmi les regions les moins urbanisees du monde, est aujourd’hui urbanisee a un rythme tres rapide. En 2030, la population urbaine de l'Afrique comptera plus de 650 millions de personnes. En consequence, le defi pour les pays a accroitre l'acces a l'eau potable et a un assainissement adequat dans les zones urbaines va s’accentuer.
• Selon la Banque mondiale, en 2030 la
demande en eau de l'Afrique devrait augmenter de 440 milliards de m3,
representant une fulgurante hausse de 283%
de la demande en eau par rapport au niveau de 2005. L’accroissement de la population
urbaine et une plus grande commercialisation et l'industrialisation seront les
principaux contributeurs a cette utilisation accrue.
• Une grande partie de l'eau detournee pour un usage urbain proviendra de
fleuves transfrontaliers, creant en consequence des tensions supplementaires
dans les relations bilaterales entre les
pays qui partagent ces cours d’eau.
I.5. Impact des facteurs environnementaux:
Le continent africain dans son ensemble est susceptible d'etre affecte negativement par l'interaction complexe des changements climatiques, la deforestation et la desertification, conduisant a une baisse globale des terres arables, une plus grande demande en eau pour l'agriculture et l'augmentation des cas de secheresses.
Environ 3/4 des terres en Afrique sont, dans une certaine mesure, degradees, selon la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la desertification. La FAO estime que d'ici a 2030, 2/3 des terres arables de l'Afrique seront perdues a la desertification en 2030. Les secheresses recurrentes en Afrique de l'Est ont ete liees aux impacts du changement climatique. Ces impacts a leur tour augmentent la desertification, provoquant un cercle vicieux. La Somalie, le Kenya, Djibouti et l'Ethiopie sont susceptibles d'etre les plus touches.
Au Mali, par exemple, le climat est marqueÌ par une pluviometrie annuelle decroissante du Sud au Nord (de plus de 1100 mm aÌ€ moins de 100 mm) pour la periode 1971-2000 (UNFCCC).
Pour faire face a ces impacts, il faudra une gestion appropriee des bassins fluviaux qui prend en compte non seulement la gestion de l'eau, mais aussi la gestion des terres, la reforestation et l'attenuation.et l’adaptation au changement climatique.
Un exemple saisissant est le lac Tchad dont la superficie est passee de 25 000 km2 en 1960 a 1 350 km2 maintenant. Et pourtant trente millions de personnes vivent du lac.
I.6. Des projections inquietantes
On assiste a une hausse des prelevements d’eau par rapport aux reserves d’eau renouvelables. Tout ceci a abouti a un tableau assez inquietant de la situation hydrique a l’horizon 2020 (cf figure)
Eau utilisee pour la production
Production |
Volume d’eau utilise (en litres) |
1 tee-shirt coton |
4 100 |
1 kilo de ble |
1 300 |
1 kilo de graines de soja |
1 800 |
1 kilo de riz |
1 900 |
1 kilo de pommes |
700 |
1 kilo de pommes de terre |
900 |
1 paire de chaussure |
1 800 |
1 kilo de fromage |
5 000 |
1 kilo de poulet |
3 900 |
1 kilo de bœœuf |
15 500 |
1 kilo de cafe torrefie |
20 686 |
1 feuille de papier A4 |
10 |
1 kilo de fromage |
4 914 |
Figure 13 (Tableau )
Source : L’eau pour l’alimentation. L’eau pour la vie. Evaluation globale de la gestion de l’eau en agriculture, FAO, Rome, 2008
I.7. Menace potentielle sur les infrastructures d'eau pendant les conflits armes et par groupes terroristes ou acteurs non etatiques armes.
La liste des conflits repertories depuis 300 ans avant Jesus Christ par Le Pacific Institute for Studies in Development, Environment and Security retient six categories de conflit.
– la volonte de controler les ressources en eau ;
– la volonte de faire de l’eau une arme militaire ;
– l’eau en tant qu’arme politique, c'est-a-dire utilisee pour atteindre un objectif politique ;
– le terrorisme ;
– l’eau en tant que cible militaire ;
– l’eau en tant qu’objet de discordes pour le developpement, c'est-a-dire la maniere d’utiliser l’eau dans un contexte de developpement socio-economique.
A titre d’exemple, pendant La guerre civile de 16 ans au Mozambique qui a pris fin en 1992, des mines ont ete deliberement utilisees pour bloquer l'acces a l'eau pour les civils.
En raison des hostilites en Somalie, son systeme d'eau, en particulier a Mogadiscio, s’est effondre. Il est dit que la guerre civile qui a commence dans le pays en 1991 a abouti a un echec complet du systeme d'approvisionnement en eau en mi-1995.
Selon Abdilatif Muse Noor, un membre du parlement somalien, Al-Shabaab commenca a utiliser une nouvelle tactique qui consiste a couper l'acces a l'eau aux villes qui ont ete liberees. D'autre part, les habitants ont ete incapables d'acceder au fleuve Juba, car la ville de Bardheere, qui est le seul point d'acces a la riviere pour beaucoup de gens, est sous le controle d'Al-Shabaab. En fait, il est dit qu’Al-Shabaab a le controle des points d'eau, car ils savent que cela leur assurerait la victoire ou reduirait la possibilite de defaite totale.
Dans la guerre civile au Soudan, des cas d'attaques deliberees sur les ressources en eau ont ete notes. Les puits d'eau ont ete bombardes dans les villages et il y avait aussi des cas d'empoisonnement de l'eau dans les puits. Il est dit qu’en 2004, dans le but de harceler les populations deplacees, les puits ont ete contamines intentionnellement.
L’Eau est la nouvelle arme de l’Etat islamique qui emparent de barrages et coupent les zones d’alimentation pour priver d'eau les populations des regions encore libres.
Les infrastructures d’eau, par consequent, auront besoin de protection, que ce soit des autorites locales, nationales ou regionales ou peut etre laissees a des cas individuels.
II . Options strategiques
II.1. Prise de de conscience avec l’edification d’Instruments et organes (Juridiques, etc..) au plan mondial
D’une maniere generale, le monde a pris conscience de la necssite de cooperer autour des eaux partagees. Cette attitude a conduit a l’adoption de conventions et decalarations.
- Regles d’helsinki sur les utilisations des eaux des fleuves internationaux (association de droit international, 1966)
- Convention sur la protection et l’utilisation des cours d’eau transfrontieres et des lacs internationaux (commission economique des nations unies pour l’europe, 1992 )
- Convention sur le droit relatif aux utilisations des cours d’eau internationaux a des fins autres que la navigation (assemblee generale des nations unies, 1997).
- Vision Africaine de l’Eau pour l’horizon 2025
Pour sa part, l’Afrique s’est dotee d’un document de reference en matiere de gestion de l’eau. Il s’agit ici d’avoir : ‘Une Afrique ou la gestion et l'utilisation equitable et durable de l'eau contribue a la reduction de la pauvrete, le developpement socio-economique, la cooperation regionale et l'environnement. C’est la Vision d’une Afrique ouÌ€ :
l’eau est facilement disponible pour les besoins de securite alimentaire et energetique ;
les institutions de gestion des ressources en eau sont reformees en vue de creer un environnement favorable aÌ€ une gestion efficace et integree de l’eau dans les bassins hydrographiques nationaux et transfrontaliers, notamment la gestion aÌ€ une plus petite echelle ;
les bassins hydrographiques sont le fondement de la cooperation regionale et du developpement, et sont traites comme des ressources naturelles partagees par tous ceux qui y vivent ;
des strategies efficaces et durables existent en vue de remedier aux problemes d’origine naturelle ou anthropique relatifs aux ressources en eau, y compris les changements et la variabilite du climat
il existe une volontÌ politique, une prise de conscience du public et un engagement de tous en faveur de la gestion des ressources en eau, y compris l’integration d’une d’une perspective sexospecifique et des preoccupations des jeunes, ainsi que le recours aux approches participatives. Il existe 5 autres recommandations.
II.2. Nouvelle mesure de la Cooperation en Matiere de partage de l’eau
Pour encourager les Etats a mieux cooperer autour des eaux partagees, le ‘ Think Tank Group’ indien, de reputation mondiale, Strategic Foresight Group a cree une methodologie permettant de quantifier l'etendue et le succes de la cooperation en eau entre les nations riveraines. Ils ont mene une analyse approfondie d'environ 148 pays, 263 bassins fluviaux transfrontaliers ainsi que des mecanismes de cooperation (OBF /) existants entre ces pays sur les ressources en eau avant d'arriver au Quotient de cooperation en eau(WCQ), un score derive d'un ensemble de dix indicateurs pour aider a determiner et quantifier l'ampleur de la collaboration entre deux ou plusieurs pays autour de l'eau. Le WCQ est un outil de classement des mecanismes de cooperation en eau, le meilleur score etant 100 WCQ et le pire score 0 WCQ.
La liste de classement du WCQ donne une position relative d'un mecanisme de cooperation en eau en comparaison a d'autres dans le monde. Il devrait servir de sonnette d'alarme pour les decideurs politiques en vue de reconfigurer les relations avec leurs voisins de sorte que le continent puisse maximiser son potentiel.
Au terme de ce classement, l’OMVS a ete classee N1 mondial.
II.3. Les Bassins Fluviaux Africains
Il n’existe pas en Afrique un seul pays qui ne partage pas au moins une ressource en eau, quelle soit souterraine ou de surface, avec un ou plusieurs pays. La carte ci-dessous en donne une bonne illustration.
A cet effet, les pays se sont regroupes pour constituer des organismes de bassin pour promouvoir une gestion concertee des ressources en eau. Il en existe 17 en Afrique. Ces organismes qui sont a des degres divers d’evolution se renforcent au fur et a mesure pour faire face aux besoins des Etats riverains a promouvoir des projets communs. Parmi ceux-ci, les cas les plus reussis dont l’exemple est cite a travers le monde, est l’OMVS.
II.4. Exemple et resultats de l’OMVS
L’OMVS est un modele original de cooperation mis en place en 1972 avec pour missions de :
- Realiser l’autosuffisance alimentaire pour les populations du Bassin;
- Reduire la vulnerabilite des economies des Etats membres de l’OMVS face aux aleas climatiques ainsi qu’aux facteurs externes;
- Accelerer le developpement economique des Etats membres;etc.
L’OMVS a mis tres tot mis en place les bases d’une cooperation reussie fondee sur la lise en place de grands barrages pour produire l’energie (Manantali et Felou et bientot Gouina), developper l’agriculture irriguee (Diama), assurer l’alimentation en eau potable des populations (Conduite lac de Guiers et ouvrage Aftout El Saheli) et regenerer les ecosystemes. L’originalite de son intervention repose sur le caractere solidaire de son action et le partage des benefices des ouvrages.
Les conventions de mars 1972 assurent les conditions de la stabilite et de la paix. L’une confere au fleuve Senegal le statut international, l’autre cree l’OMVS. Celles de 1978 et 1982 renforcent cela. Celle en date du 21 decembre 1978 porte sur le statut des ouvrages communs sur le fleuve Senegal (notamment les barrages et les ouvrages de la navigation) et l’autre en date du 12 mai 1982 est relative aux modalites de financement de ces ouvrages. En 2002, la Charte des eaux qui a pour but d’harmoniser les differents usages des ressources en eau dans un climat de dialogue et de respect mutuel :
– fixe les principes et les modalites de la repartition des eaux du Fleuve Senegal entre les differents secteurs d’utilisation ;
– definit les modalites d’examen et d’approbation des nouveaux projets utilisateurs d’eau ou affectant la qualite de l’eau ;
– determine les regles relatives a la preservation et a la protection de l’environnement ;
– definir le cadre et les modalites de participation des utilisateurs de l’eau dans la prise des decisions de gestion des ressources en eau du fleuve Senegal’
L’OMVS s’est egalement dotee d’outils techniques de decision mais aussi d’outils de planification de ses interventions : le Schema Directeur d’Amenagement et de Gestion (SDAGE) et l’Etude Regionale Strategique (ERS).
II.5. Emergence d’une initiative africaine en matiere d’hydrodiplomatie
L'Afrique est en train de jouer un role mondial dans la sensibilisation sur les liens entre l'eau, la paix et la securite.
Comme mentionne ci-dessus, les processus de cooperation de l'eau dans differentes regions d'Afrique sont deja existants et continueront a servir comme un modele de meilleures pratiques pour toutes les autres nations dans le monde. Les processus uniques adoptes par les pays riverains sont maintenant cotees dans le monde entier pour etre certains des plus beaux exemples de cooperation qui ont conduit a la stabilite regionale.
- Le fleuve Senegal qui a ete transforme avec succes en une ressource partagee par ses quatre pays riverains, leur a apporte des avantages economiques et sociaux, et a contribue a la stabilite regionale. Les nations, en depit des divers defis auxquels elles sont confrontees, notamment la pauvrete, ont reussi a maintenir leur cooperation et a la consolider. En outre, le concept de copropriete des ouvrages lies a l'eau, la gestion conjointe des prets ainsi que le developpement d'une formule unique de repartition des avantages decoulant du fleuve pour les quatre nations, est actuellement a l'etude a travers le monde afin d’etre adoptee par d'autres nations. Cela a fait de la gestion du fleuve Senegal un des meilleurs exemples dans le monde dans le domaine de la cooperation autour de l'eau.
La SADC aussi, en introduisant la cooperation autour de l'eau dans son mandat, a renforce la cooperation entre les nations instaurant ainsi la paix et la stabilite.
De plus, a travers trois de ses pays, l’Afrique fait partie d’un nouveau panel de haut niveau sur l’eau qui est en train de proposer des solutions strategiques pour que l’eau soit un facteur de paix et de cooperation. Pour aller plus loin, le Senegal, pays siege de l’OMVS, qui est devenu membre du Conseil de Securite, a pris l’initiative de preparer une resolution du Conseil de Securite sur l’eau, la paix et la securite en 2016.
Ce sera une resolution de reference qui entrera dans les annales de l'histoire pour etre le premier de son genre a elever le statut de l'eau du modele de developpement au contexte de paix et de securite qui est actuellement la necessite de l'heure.
En ces periodes ou la violence sous toutes ses formes semblent faire perdre tous les reperes et eriger l’exclusion en regle d’etat, l’Afrique inspirera ainsi le monde entier en lui montrant la voie salutaire pour que les eaux transfrontalieres considerees comme sources de conflits potentiellement inevitables soient facteur de cooperation, de developpement et d’entente entre les peuples.
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